L’évolution en direct
Les épidémiologistes ont conclu que le B.1.1.7 est plus transmissible, mais qu’il n’y a rien qui indique qu’il soit plus mortel. Des chercheurs estiment que ce variant augmente de 40 à 80 % le nombre de nouveaux cas causés par un individu infecté (ce qu’on appelle taux de reproduction ou Rt) ; une autre étude préliminaire parle d’une hausse de 50 à 74 %.
Une hausse de 40 à 80 % signifie que le B.1.1.7 n’est pas seulement un peu plus adapté, mais qu’il l’est beaucoup. Même lorsque la sélection est aussi forte, l’évolution n’est pas instantanée. Notre modélisation mathématique, ainsi que celle d’autres chercheurs au Canada et aux États-Unis, montre que le B.1.1.7 a dû mettre quelques mois pour atteindre une ascension aussi fulgurante, car seule une petite fraction des cas portait initialement le nouveau variant.
Pour de nombreux pays, où le nombre de cas de Covid-19 augmente de façon inquiétante, une variante qui accroît la transmission de 40 à 80 % risque de faire déborder la marmite. Cela pourrait entraîner une croissance exponentielle du nombre de cas et surcharger le système hospitalier qui est déjà dépassé. Les changements évolutifs prennent du temps, ce qui nous laisse peut-être quelques semaines pour nous préparer.
D’autres variants
Les chercheurs ont été surpris de voir que le B.1.1.7 porte un nombre remarquable de nouvelles mutations. Il en a accumulé de 30 à 35 au cours de la dernière année. Ce n’est pas que le taux de mutation du B.1.1.7 soit plus élevé, mais qu’il semble avoir connu une évolution rapide dans un passé relativement récent.
Chaque point représente un génome du SARS-CoV-2, avec des branches reliant les virus à leurs ancêtres. Le centre représente le virus qui a été transmis à l’humain. Les virus les plus éloignés du centre sont porteurs d’un plus grand nombre de mutations. Les trois nouveaux variants sont couleur or.NextStrain
Pour combien de temps allons-nous pouvoir tenir face à cette pandémie ?